Comme bien souvent la réussite d’une reconversion tient dans un passage à l’action et une volonté de fer pour un projet qui a du sens à nos yeux. C’est ce que vous allez découvrir dans ce nouveau témoignage. Cette fois-ci, c’est Céline Guerreiro qui se prête au jeu. Une expérience de vie aussi belle que difficile lui fait prendre conscience que la pédagogie pouvait aller beaucoup plus loin. Finalement, elle a décidé de se concentrer à accompagner petits et grands dans le développement de leur plein potentiel : la création d’ateliers Montessori et la formation pour adultes. Bonne lecture.

Peux-tu nous expliquer ton parcours au sein de l’Éducation nationale ?

Quand j’ai débuté en maternelle en 2006, en plus d’éviter les cris des parents, mes préoccupations étaient :

  • Qu’est-ce que je vais leur faire faire aujourd’hui, cette semaine, ce mois-ci ?
  • Quelle méthode est la plus pertinente ?
  • Comment je vais faire pour garder le calme dans ma classe ?

Je faisais de mon mieux pour choisir des outils pertinents, mais je n’avais aucune légitimité avec mes deux années de formation.

J’y consacrais tout mon temps libre, car j’avais à cœur de préparer les meilleures séquences possibles. Mais le temps perdu en formation à comprendre la différence entre une progression et une programmation ne m’a pas donné les clés pour être une bonne maitresse.

En 2013, j’ai réalisé :

  • Que la progression doit venir de l’enfant et non pas des programmes.
  • Que l’enfant sait de quoi il a besoin si on lui laisse l’opportunité de faire des choix.
  • Que l’enfant ne voit pas cela comme un travail, qu’il s’enthousiasme à chaque nouvelle découverte.
  • Qu’on sous-estime les capacités des enfants.
  • Qu’on ne peut plus les ranger par date de naissance comme des objets de fabrication.
  • Que chaque enfant apprend à son rythme et que c’est aux adultes de s’adapter.
  • Que l’enfant absorbe tout ce qu’il se passe dans son environnement et que l’adulte doit travailler sur lui-même : l’adulte veille à rester exemplaire.
  • Que l’adulte doit avoir une foi sereine et solide en chaque enfant.
  • Qu’avant de préparer du matériel pour les enfants, il faut d’abord se préparer soi.
  • Qu’un enfant n’apprend pas s’il est stressé.
  • Que l’adulte ne doit pas chercher à dominer les enfants pour imposer son autorité, mais qu’il doit poser un cadre et permettre aux enfants d’être en sécurité affective.
  • Comment fonctionne le cerveau d’un enfant.
  • Que l’adulte doit prendre soin de lui.
  • Que l’adulte utilise les forces intérieures de l’enfant pour sa propre éducation.
  • Que nous devons faire équipe entre adultes pour permettre à chaque enfant de s’épanouir.

Je ne me suis pas levée un matin en me disant que la progression devait venir de l’enfant et qu’on sous-estimait les capacités des enfants.

En 2011, ma fille cadette, Juliette, est née prématurément à 6 mois de grossesse.

À l’hôpital, je tirais mon lait avec Pauline, une maman qui vivait le même tsunami.

En 2013, nous avons repris contact pour échanger des nouvelles de nos filles.

Quand je lui ai parlé du handicap moteur de Juliette, elle m’a posé LA question qui a été le déclencheur !

« Comment envisages-tu l’avenir pour Juliette ? Montessori ? »

Je n’avais aucune idée de qui était Maria Montessori.

À partir de ce moment-là, j’ai passé chaque minute de mon temps libre à explorer l’héritage de Maria Montessori puis à me former en neurosciences.

Je n’ai pas décroché plus d’une journée d’affilée.

J’étais obnubilée, comme un chercheur qui a découvert un trésor et qui veut en découvrir chaque petit détail.

La vie est surprenante quand même. C’est grâce à l’expérience la plus douloureuse de ma vie (prématurité et handicap de ma fille) que j’ai fait la découverte la plus merveilleuse.

Ma mission de vie m’est rapidement apparue comme une évidence : permettre à chaque enfant et à chaque adulte qui l’accompagne de développer son plein potentiel.

Quand as-tu commencé à réfléchir à une reconversion professionnelle et à envisager de créer des ateliers Montessori en libéral ?

J’y ai réfléchi un an ou deux après cette découverte en 2013.

Je ne vous cache pas que je suis passée pour une extraterrestre et que je n’ai pas fait l’unanimité auprès de mes collègues. Mais une fois la transformation engagée, un retour en arrière aurait été impossible.

J’avais besoin de mettre en application tout ce que j’apprenais et ma posture évoluait.

Je ne rentrais plus dans le moule de l’éducation nationale et les problèmes ont commencé. Avec les adultes, pas avec les enfants bien sûr !

Comme j’étais à mi-temps à cause de ma situation personnelle, je partageais ma classe avec des collègues. C’est ce qui a précipité mon départ.

C’est un euphémisme de dire que je n’avais pas le soutien de mes collègues ni de ma directrice.

Mon aide-maternelle avait même jeté à la poubelle les lettres mobiles que j’avais découpées pendant des heures dans des pochettes rouges et bleues.

Je me suis vraiment sentie freinée dans mon élan.

Et comme on ne freine pas un bulldozer en marche, j’ai trouvé la solution pour partir durant l’été 2016 et j’ai pris une disponibilité fin décembre 2016.

Où en es-tu dans ton parcours de reconversion ?

Depuis 2016, j’accompagne des enfants à mon domicile pour des ateliers Montessori le mercredi et les vacances. Quelle joie de pouvoir leur offrir l’opportunité de développer leur plein potentiel !

En 2019, j’ai commencé à interviewer des personnes qui cherchent à contribuer au plein épanouissement affectif et cognitif des enfants (c’est le nom du podcast). J’ai publié 133 épisodes !

J’ai créé deux programmes : « Jeu MémoriZe la conjugaison » et « Apprendre à apprendre » pour des enfants de 7 à 12 ans.

Je forme également des profs des écoles en poste avec la formation IMPACT : Immersion Montessori pour des Adultes et des Classes Transformées.

Puis plus récemment, des professeurs des écoles en reconversion. Le C de IMPACT a évolué vers carrière : Immersion Montessori Pour des Adultes et des Carrières Transformées.

En 2016, j’avais complètement sous-estimé le changement de mindset nécessaire et les compétences en marketing nécessaires pour réussir à vivre de ma microentreprise.

Les mots « business », « argent », « client » étaient des gros mots pour moi.

Les mots « copywritting », « tunnels de vente » et « leadmagnet » étaient du chinois.

Malgré mes blocages et mon manque de connaissances, j’ai réussi à vivre de mon activité.

J’ose le dire ! Je suis fière d’en vivre depuis 7 ans.

Mes ateliers et toutes mes formations, programmes et outils avaient le même objectif : changer le monde par l’éducation.

Je me suis formée pour comprendre comment trouver des clients.

Ça n’a pas été facile tous les jours, mais ma motivation a toujours été plus forte que tout.

Sept ans plus tard, j’ai acquis de l’expérience et j’ai même appris à aimer le marketing.

Et oui ! Je lis des livres de marketing en anglais et j’écoute plein de podcasts aussi.

Ma vie a complètement changé ces dernières années. Je n’ai jamais regretté une seule seconde ma reconversion. J’ai retrouvé ma liberté et j’œuvre auprès des enfants et des adultes pour changer le monde par l’éducation. Que demander de plus ?

Quelles sont les démarches réalisées pour ton projet ?

Comme ma fille est en situation de handicap et reconnue à la MDPH (plus de 80 %), cela me permet de prolonger ma disponibilité d’année en année.

Je n’ai pas à démissionner pour continuer mon travail en tant qu’entrepreneur.

Les démarches dans le privé sous-contrat semblent être plus simples que dans le public.

As-tu suivi une formation pour changer de métier ?

En 2013, en même temps que ma découverte de la pédagogie Montessori, j’ai retrouvé le plaisir d’apprendre. Je me forme chaque jour depuis cette date. Je ne peux pas passer une journée sans apprendre quelque chose de nouveau.

Je me suis formée principalement de manière autodidacte pour la pédagogie Montessori, car je n’avais pas les moyens de payer 11 000 € une formation. Le nombre d’heures que j’y ai passé est énorme comparé à une formation d’une année seulement.

J’ai fini par comprendre la puissance de l’apprentissage autodidacte, ce qui n’empêche pas de faire appel à un formateur à certains moments. J’ai d’ailleurs investi dans plusieurs formations de marketing.

Je cherche toujours à progresser.

Quand j’apprends, je me sens vivante.

Est-ce qu’il y a des aspects du métier d’enseignant qui te manquent au quotidien ?

La solitude parfois, mais vaut mieux être seule que mal accompagnée.

Alors finalement, qu’est-ce qu’on pourrait te souhaiter pour ton avenir professionnel ?

Que toutes les petites graines que j’ai semées ces 10 dernières années germent.

Je veux contribuer au maximum à changer le monde par l’éducation.

Un petit message pour les enseignants désirant se reconvertir dans la création d’ateliers Montessori ou autre ?

Fonce ! You can do it!

Cherche les solutions pour assurer financièrement, car tu as besoin d’argent pour vivre.

Crois en toi.

Développe un état d’esprit de croissance (growth mindset en anglais).

Fais-toi accompagner pour faciliter ce changement de vie si tu en ressens le besoin.

J’ai tendance à sous-estimer la difficulté qu’une reconversion peut représenter, car c’est dans ma personnalité de foncer. Il m’a fallu plusieurs années pour réaliser que cette force et cette expérience pourraient être utiles pour d’autres profs des écoles.

Si tu veux proposer des ateliers Montessori ou du soutien scolaire, je pense être la bonne personne pour t’accompagner, tant sur le plan pédagogique que sur le plan entrepreneurial.

Je te souhaite beaucoup de bonheur pour cette 2ème vie qui commence.

Vous pouvez retrouver Céline sur les réseaux sociaux et écouter son podcast.

Facebook : https://www.facebook.com/grandirensemblepasapas

Instagram : https://www.instagram.com/montessori_apprendre_autrement/

Podcast : https://montessori-apprendreautrement.com/podcast/

Site internet : https://montessori-apprendreautrement.com/

La formation proposée pour les enseignants en quête de reconversion, c’est par ici !

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