Pour ce nouveau témoignage, je vous propose de découvrir le parcours de Nolwenn. Enseignante au sein de l’EN, elle a décidé de se spécialiser pour accompagner les élèves à besoins particuliers. Elle a par la suite créé une entreprise en parallèle en devenant accompagnante parentale. Découvrez son histoire…
Peux-tu nous expliquer ton parcours au sein de l’Éducation nationale ?
Dès ma première année en classe ordinaire en 1998 (GS-CP-CE1 en milieu rural), j’ai compris que je voulais travailler avec des élèves en difficulté, c’est-à-dire ceux qui ont le plus de fragilités et qui ont besoin d’étayage personnalisé. Je voulais me sentir utile !
J’ai donc ensuite enseigné pendant une quinzaine d’années auprès d’enfants en situation de handicap moteur, dont la particularité était de se construire avec de nombreux troubles neurocognitifs associés. Ce fut extrêmement formateur et j’ai ainsi développé une expertise auprès d’élèves présentant des fonctionnements cognitifs différents, tout particulièrement en remédiation mathématique.
Devenue enseignante spécialisée en 2002, je suis ensuite sollicitée pour des vacations universitaires dès 2005. Je crée mon autoentreprise en 2012 pour pouvoir aussi intervenir dans des organismes de formation pour adultes indépendants. Lors de cette période, j’écris 2 ouvrages spécialisés en remédiation mathématique.
Les chemins des apprentissages me passionnent et je reprends alors mes études afin d’obtenir un doctorat en psychologie du développement de l’enfant en 2018. J’écris 2 nouveaux ouvrages, l’un en cognition mathématique et l’autre sur les apprentissages en général de l’enfant, découpé en 5 chapitres : les canaux sensoriels, le rôle des émotions, l’attention, la mémoire et la motivation. Mes nouvelles compétences me permettent ainsi d’occuper le poste de référente mathématique de Côte d’Or pendant 2 ans.
À la suite de la fermeture brutale et inattendue de ce poste en plein confinement, je décide de retourner aux côtés d’élèves en situation de grande fragilité émotionnelle avec le poste de « maître G » en RASED à dominante relationnelle. Mes nouvelles missions confirment ma conviction que pour aider un élève, il faut d’abord savoir s’adresser à l’enfant qu’il est avant tout. Je deviens alors également intimement persuadée que l’alliance des parents est essentielle pour le bon développement affectif et cognitif de l’enfant. Cependant, le peu d’actions que je peux mener auprès des parents dans le cadre de mon poste ne me suffit pas.
Quand as-tu commencé à réfléchir à une reconversion professionnelle ?
C’est lors de ma seconde année d’enseignante en RASED, et cela pour le bien-être des enfants, que l’envie me vient d’accompagner les parents au-delà de ce qu’il est possible d’offrir à l’Éducation nationale. J’avoue aussi, que dans ma vie de maman, j’aurais parfois eu envie et besoin d’une telle écoute extérieure, lorsque nous avons traversé une phase particulièrement difficile avec un de nos deux enfants.
Pour mon projet, j’obtiens un mi-temps et je choisis de retourner enseigner dans le milieu spécialisé, où je me suis toujours sentie davantage à ma place : je travaille aujourd’hui en CAMSP en équipe pluridisciplinaire. Contrairement au rythme imposé en milieu ordinaire, je peux m’adapter au potentiel de chaque enfant et je prends le temps de le réconcilier avec les attentes de l’école, tout cela sans subir la pression des programmes et de décisions administratives détachées de la réalité du terrain. Car de telles injonctions sont loin d’offrir la sécurité affective nécessaire aux enfants, ni le fameux « bien-être professionnel » tant miroité auprès des enseignants. Pourtant, l’un ne va pas sans l’autre.
Et pour me sentir encore plus légitime dans mon projet de reconversion professionnelle, je suis une formation en distanciel de coach en parentalité.
Où en es-tu dans ton parcours de reconversion ?
J’ai déjà réussi à l’issue d’une seule année, certes très dense en démarches, à compléter financièrement mon mi-temps, tout en ayant aujourd’hui beaucoup plus de temps libre !
Les graines que j’ai semées tout l’automne et que j’ai continuées à cultiver durant tout l’hiver ont fleuri dès ce printemps dernier.
Mais j’aurais très bien pu aussi commencer plus en douceur encore, en proposant mes activités seulement en soirées et les mercredis par exemple. Tout dépend de son tempérament !
Ce fut également une première année très enrichissante par rapport aux lectures personnelles, aux échanges avec d’autres entrepreneurs, à la conception de contenus et à la mise en place d’une stratégie marketing, domaine complètement nouveau pour moi !
J’éprouve également une grande satisfaction de pouvoir aider réellement les familles et les équipes de professionnels en crèches où j’interviens. Qu’il est très gratifiant d’avoir des retours positifs et mêmes des compliments de la part des parents et des équipes !
⇒ Comme mon grand plaisir professionnel est aussi la formation pour adultes, quoi de plus naturel pour moi que de monter mon propre programme pour voir grandir d’autres accompagnants parentaux ? Et aussi, j’ai eu l’envie de proposer une formation qui puisse satisfaire les besoins qui n’étaient toujours pas comblés à l’issue de la formation que j’ai moi-même suivie : des échanges en présentiel, de la pratique réelle et des notions en communication et marketing !
Les démarches réalisées
Je continue tous les ans à demander une autorisation de cumul d’activités auprès de l’Éducation nationale. Pour le moment, mon mi-temps au CAMSP, où je suis mise à disposition de l’Éducation nationale (donc en dehors du système scolaire ordinaire), reste pour moi suffisamment enrichissant pour continuer. Il m’apporte d’ailleurs une crédibilité supplémentaire auprès des parents que je reçois, ainsi qu’auprès des professionnels de crèches avec lesquels je travaille (formations, ateliers, analyse des pratiques professionnelles). Donc je n’envisage pas actuellement de rupture de contrat, mais c’est une possibilité que je n’écarte pas pour l’avenir.
En revanche, il m’a fallu découvrir seule de nombreuses démarches afin de faire connaître mon activité d’accompagnant parental : mon site internet, les stratégies sur réseaux sociaux, les flyers, les rendez-vous avec des partenaires potentiels, les réunions de réseaux d’affaires… C’est tout ce versant que je ne mesurais pas et auquel ma courte formation de coach en parentalité ne m’avait finalement pas du tout préparée.
As-tu suivi une formation pour devenir accompagnante parentale ?
C’est tout mon parcours qui justifie mon nouveau positionnement professionnel. Même en complément de mon doctorat en psychologie du développement, vous avez donc compris que je me suis offerte une formation supplémentaire de coach en parentalité pour découvrir la posture d’accompagnement personnalisé. Malheureusement, le format avec des visio-conférences était trop descendant à mon goût, et avec trop peu d’interactions possibles entre les participants.
⇒ Pour cette raison, les modules de ma formation pour devenir accompagnant parental sont en présentiel pour permettre de réels échanges et la mise en place d’entraînements en live sous forme de pédagogie active, comme des jeux de rôle, et pour créer un véritable réseau de soutien pour les années à venir !
Est-ce qu’il y a des aspects qui te manque au quotidien ?
Sans hésiter, le travail en équipe !
Être auto-entrepreneuse, c’est parfois aussi être seule devant son ordinateur ou avec son téléphone… Heureusement, je reçois les parents et j’interagis avec les personnes que je forme. Et je participe également à de nombreux réseaux entrepreneuriaux !
Alors finalement, qu’est-ce qu’on pourrait te souhaiter pour ton avenir professionnel ?
Je souhaite pouvoir continuer ma double activité en Camsp et en tant qu’auto-entrepreneuse. Et le jour où j’en ressentirai le besoin, je suis très confiante pour passer à temps plein en tant qu’accompagnante parentale, notamment avec la formation d’autres collègues.
On dit d’habitude qu’il faut 2 ou 3 années pour avoir suffisamment de revenus. Et là, grâce à mon dynamisme et mes techniques de communication, au bout de 9 mois, je peux vivre de cette activité en complément d’un mi-temps, comme si j’étais à temps plein dans l’EN. J’en suis très heureuse !
Un petit message pour les enseignants désirant se reconvertir ?
Cela m’a changé la vie !
Aujourd’hui, je me sens utile, vivante et épanouie.
J’ai souhaité opérer un changement professionnel avant de vivre un burn-out, trop fréquent dans notre profession. J’ai ressenti quelques signes lors de mon poste en Rased et j’ai su les écouter à temps.
Ma fille aînée, devenue adulte, me dit toujours qu’« on a qu’une seule vie ! », et j’avoue que cette philosophie m’aide beaucoup à avancer :
Aujourd’hui, je fais des choix qui respectent mes valeurs et mes envies.
Aujourd’hui, je me régale à préparer des interventions pour les crèches, à lire des livres sur des thèmes éducatifs passionnants et à recevoir les parents demandeurs de changement familial. Je suis d’ailleurs toujours admirative de leur démarche : ils me confient leurs difficultés et se mettent aussitôt en mouvement, avec mon aide ciblée, pour trouver en eux les ressources pour un quotidien meilleur et apaisé. C’est bénéfique pour eux et pour leurs enfants !
Et vous savez quoi ? Aider ces familles sur leur chemin de parents, c’est très satisfaisant aussi pour les accompagnants…
Aujourd’hui, j’ai même l’impression incroyable de contribuer, en toute modestie, au mieux-être d’une société bien en difficulté…
Donc, je vous encourage vraiment à trouver votre voie !
Une voie qui vous animerait, avec votre personnalité et vos appétences d’aujourd’hui.
À une époque encore très proche, on gardait le même métier toute sa vie.
De nos jours, ce n’est plus du tout le cas… Alors, pourquoi pas vous ?
Pour cela, il ne faut pas rester seul.e.s, il faut vraiment savoir se faire accompagner dans les domaines nécessaires, en investissant financièrement si besoin. Ça aussi, c’est nouveau pour moi : dire « investir » au lieu de « dépenser » !
C’est encore la métaphore des graines qui finissent par germer en jolies fleurs, et même apporter leurs fruits !
Et tout ce cheminement de reconversion professionnelle passe par une véritable redécouverte de soi-même : quelle chance de s’offrir un tel développement personnel dans son parcours de vie !
Vous désirez découvrir l’univers de Nolwenn ou entrer en contact avec elle ? Rien de plus simple : Facebook, Instagram, LinkedIn. Et sa formation pour devenir accompagnant parental.