Découvrez aujourd’hui le parcours singulier de Lucie. Prof spécialisée, elle a décidé de changer de métier suite à des déboires avec l’Éducation nationale et des désillusions. Convaincue que sa place est ailleurs auprès de jeunes à besoins particuliers ou en décrochage scolaire, elle redouble d’efforts pour se créer un plus bel avenir professionnel. Un avenir aligné avec ses besoins et ses envies !

 

Peux-tu nous expliquer ton parcours au sein de l’Éducation nationale ?

Débarquée dans le spécialisé après quelques semaines dans une classe de CP surchargée et suite à un entretien houleux avec une inspectrice tenant des propos scandaleux quant aux choix pédagogiques et aux solutions proposées : changement de poste courant → octobre suite à cette « altercation ».

3 ans en ERPD (Établissement Régional du Premier Degré) avec des enfants de primaire en internat, en grandes difficultés sociales et scolaires. Statut de Professeure-éducatrice à temps plein (postes de travail en classe et internat). En parallèle, VAE (Validation des Acquis et de l’Expérience) Éducatrice Spécialisée et passage du CAPASH option E.

3 ans de professeure spécialisée au Foyer de l’enfance Rosette de Mey (maternelle) dont une année en mi-temps annualisé.

1 an de professeure spécialisée en ULIS primaire à temps plein.

1 an de congé de formation – Passage du DAEFLE (Diplôme d’Aptitude à l’Enseignement du Français Langue Étrangère).

3 ans de professeure spécialisée à l’IME La Roseraie à 75 % avec le groupe des 5-10 ans.

 

Quand as-tu commencé à réfléchir à une reconversion professionnelle ?

Ça fait 1 an ½ (voire 2 ans) que je réfléchis à une reconversion professionnelle. Cela fait suite à plusieurs fermetures de poste subies, et a été accéléré par la baisse des moyens alloués à notre travail, au confinement qui m’a permis de prendre le temps de me renseigner et de prendre du recul, la manière dont JM Blanquer et la hiérarchie en général nous traitent, au prof-bashing ambiant…

 

Où en es-tu dans ton parcours de reconversion ?

J’ai décidé cet été de ne pas reprendre à la rentrée de septembre suite à plusieurs déboires alors que je pensais encore tenir 2 ans (refus de disponibilité, impossibilité de demander un congé de formation, refus de mobilisation de mon CPF, modification de mes missions quotidiennes à l’IME [suppressions de postes, équipe avec une mauvaise ambiance, on m’a demandé de travailler à mi-temps avec les 18-20 ans en préprofessionnalisation alors qu’on m’a prévenue fin juin que 9 de mes élèves sur 15 partiraient sous couvert d’inclusion à tout prix, sans moyens humains ni financiers pour eux…]).

En parallèle j’ai commencé un BTS en Gestion et Protection de la Nature à distance cet été pour une durée de 2 ans. J’ai fait un stage en juillet dans une ferme pédagogique qui m’a confortée dans ce nouveau projet professionnel.

J’ai eu un entretien pour une demande de rupture conventionnelle en septembre avec l’IEN, qui a été refusée (pas de budget, pas assez de professeurs dans la circonscription/nécessité de service…).

Je suis en arrêt maladie depuis début septembre. Je passe des entretiens en parallèle pour trouver un travail dans le domaine de l’animation nature. Je suis en attente de réponses. J’enverrai ma démission dès que j’aurai une promesse d’embauche, et je ferai un abandon de poste si nécessaire.

Si je n’obtiens pas de poste dans ce domaine, je chercherai un travail d’éducatrice spécialisée en attendant, car j’ai aussi le diplôme.

J’aimerais à terme pouvoir monter ma propre structure de type ferme et jardin pédagogiques pour accueillir des enfants avec ou sans déficience, des jeunes en rupture avec le système scolaire ou ayant eu des problèmes avec la justice, permettre l’insertion de jeunes adultes en situation de handicap, former différents publics à l’écologie/environnement/développement durable…

 

Est-ce qu’il y a des aspects du métier d’enseignant qui te manquent au quotidien ?

Je vais pouvoir continuer à travailler avec des groupes d’enfants, monter des projets, créer des supports, travailler en partenariat… tout ce que j’aime et sans déborder des horaires pré-établis, donc ça va aller 😀

Je suis contente de trouver d’autres lieux de travail où règnent la bienveillance de la hiérarchie et des collègues, la confiance, le non-mépris…

Je retrouve le bonheur de pouvoir travailler en accord avec mes valeurs et avec des moyens adaptés à nos missions.

Je retrouve aussi la disponibilité mentale (ne pas penser tout le temps au boulot !).

Donc pas de regrets, peut-être juste les vacances et les week-ends sur le long terme, qui me permettaient de faire autre chose (encadrement de séjours itinérants à l’étranger, éducation populaire, activités associatives…).

 

Alors finalement, qu’est-ce qu’on pourrait te souhaiter pour ton avenir professionnel ?

Idéalement, la réussite de mon BTS, trouver un super boulot en parallèle, continuer à m’épanouir dans l’éducation.

 

Un petit message pour les enseignants désirant se reconvertir ?

Faites-vous confiance, vous êtes de belles personnes et de bons professionnels ! Ne culpabilisez pas, c’est le système qui nous abîme, pas notre manque de compétences ou d’investissement comme on pourrait nous le faire croire…

Essayez de vous entourer de personnes qui vous font du bien, qui croient en vous, qui vous soutiennent dans votre projet de reconversion. Ne gaspillez pas votre énergie avec les autres, dites-leur simplement que l’éducation nationale est en déficit et recrute s’ils veulent prendre votre boulot qui a l’air si génial ;).

Prenez soin de vous, mettez-vous en arrêt si besoin (« Même les supers héros ont besoin de repos » comme on dit). La route est peut-être longue, mais la lumière est au bout du tunnel !

N’hésitez pas à rejoindre les groupes sur la reconversion des enseignants sur Facebook, c’est une mine d’informations (car difficile d’en avoir ailleurs), ça permet de pouvoir lâcher quand on craque, d’être soutenu avec bienveillance, d’avoir des idées de reconversion, de voir les différentes étapes par lesquelles les autres passent, de poser toutes ses questions…

Pensez à vous faire accompagner par les syndicats pour vous sentir moins seul(e).

Le site Onisep permet aussi de faire le point sur vos envies, les métiers possibles et formations pour y accéder.

Si vous n’avez pas de budget pour faire un bilan de compétences, vous pouvez taper « bilan de compétences gratuit » sur un moteur de recherches. Faites-en plein, recoupez les informations, ça permet d’y voir plus clair 😉

Bon courage à tous et toutes !

Mise à jour du témoignage depuis l’interview – novembre 2021 : « Ça y est, j’ai trouvé un super travail d’intervenante nature en montagne et ai envoyé ma lettre de démission aujourd’hui, youhou ! » Bonne continuation Lucie 😉

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