Lorsque l’on intègre la fonction publique, on entre dans la grande famille des fonctionnaires. On peut se sentir protégé et penser immédiatement à la sécurité. Il est vrai que pour certains, un poste de fonctionnaire est le Graal en matière de garantie d’emploi.
Cette garantie d’être à l’abri du licenciement rassure. Elle fait même des envieux. Au-delà d’un statut qui peut sembler confortable, il y a parfois la réalité d’un travail qui ne correspond plus aux aspirations de départ. Plus cruellement, ce travail est devenu impossible à assumer pour certains. La cage dorée est devenue une prison qu’il faut quitter.
La solution est de se reconvertir. Mais surgit un frein de taille : la peur du jugement. Comment vaincre cette peur d’annoncer que l’on quitte la fonction publique ? Comment affronter des réactions de désapprobation face à un choix qui pourtant s’impose à nous ? Découvrons ensemble comment surmonter cette satanée peur du jugement qui nous paralyse et limite nos actions.
Être certain de vouloir un changement professionnel
Se concentrer sur ses motivations profondes pour évacuer les objections
Aujourd’hui, on a du mal à concevoir d’exercer une profession sans trouver un sens à ce qu’on fait. Dans beaucoup de cas, l’origine du mal-être au travail provient de cette quête de sens insatisfaite. Les sondages montrent qu’un actif sur 5 est engagé dans une reconversion. Quel que soit le domaine professionnel, quel que soit le degré de responsabilité, lorsqu’on a l’impression d’être « à côté de la plaque » et de ne plus se reconnaître, les ennuis commencent. Une grande insatisfaction s’installe, allant même jusqu’à la souffrance dans certains cas. La motivation pour aller travailler s’étiole peu à peu, le besoin de lâcher son métier devient impérieux.
Il est temps pour vous de faire le point sur les motivations profondes qui vous poussent à enclencher le parcours de reconversion. Plus vous aurez les idées claires, plus vous pourrez parer aux objections.
Oser dire que l’on quitte la fonction publique
À ce stade, vous allez commencer à verbaliser ce qui ne va pas. Vous allez confier votre envie de changement. Mais attention aux réactions si vous dites que vous quittez la fonction publique ! Vous aurez le droit aux yeux écarquillés, aux froncements de sourcils, aux airs incrédules. « Kôôôaaa ? Tu quittes la fonction publique ? »
S’insinuera en vous la peur du jugement, normal. La cerise sur le pompon c’est d’annoncer ce projet lorsqu’on est enseignant. Le curseur de l’incompréhension est dans le rouge chez l’interlocuteur. « Euh… pardon… mais tu as tellement de vacances… Tu as la garantie de l’emploi… » De votre côté, c’est le curseur de la culpabilité qui est dans le rouge ! Vous vous sentez jugé, incompris. Faire face aux préjugés est très difficile.
Mais ne lâchez rien !
À chaque fois que vous aurez des doutes sur le chemin de votre reconversion, rappelez-vous ce que vous ressentiez au plus profond de vous lorsque vous étiez en poste. Les raisons varient d’une personne à l’autre : mauvaises conditions de travail, ennui, rémunération insuffisante, manque de liberté, etc. L’une d’entre elles est l’élément déclencheur de votre reconversion professionnelle et il faut se la remémorer au moment des doutes.
Dédramatiser le départ de la fonction publique
Quitter la fonction publique est lourd de conséquences. Cette idée a perduré longtemps dans les mentalités, trop longtemps, et d’autant plus chez les fonctionnaires. Pendant des décennies, l’appartenance à la fonction publique était la panacée pour garder son emploi. Les démissions étaient extrêmement rares. Une fois rentré, on ne partait pas ! C’était une époque dans laquelle le bien-être au travail n’était même pas l’embryon d’un concept… On restait en poste coûte que coûte, pas d’ennui, pas de dépression, pas de burn-out (tiens, un autre concept…).
Aujourd’hui, les choses bougent heureusement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes… Le nombre de démissions d’enseignants a triplé chez les enseignants du primaire et du secondaire. Quitter la fonction publique entre dans les mœurs, même si c’est choquant pour certains.
S’autoriser un nouvel état d’esprit
Si l’on prend le cas des enseignants titulaires de la fonction publique, bon nombre d’entre eux souffrent de la peur du jugement et du regard des autres. Dans l’imaginaire collectif, l’enseignement fait encore partie des métiers exercés par vocation. Les études après le bac sont longues et parfois coûteuses. On comprend donc leurs craintes d’être jugés à l’annonce d’un changement de voie.
Il ne faut surtout pas voir ce parcours de plusieurs années comme un gâchis mais au contraire, en mesurer les bénéfices. L’expérience et les compétences acquises doivent renforcer la confiance en soi. L’assurance et la détermination que l’on place dans son projet permettent de faire voler en éclat la peur du jugement.
Bien préparer son projet de reconversion et ne plus avoir peur du jugement des autres
En parler à des proches bienveillants
L’une des solutions efficaces pour se prémunir de la peur du jugement est de se tourner vers des oreilles attentives et bienveillantes. Il y aura toujours dans la sphère privée ou professionnelle des personnes admiratives qui vous comprendront et qui vous apporteront leur soutien. La peur du jugement est un frein qui n’est pas profitable. Associée au syndrôme de l’imposteur, elle ralentit vos projets. Construisez un discours positif grâce aux personnes qui vous soutiennent dans votre intention de changement de vie professionnelle.
Supprimer les craintes dues aux freins matériels
Outre la peur d’échouer qui vous tenaille, des craintes liées à vos futures conditions de vie matérielles surgissent. Dans la mesure du possible, anticipez la baisse de salaire. Préparez-vous aux revenus instables et envisagez les effets de l’instabilité financière. Le critère argent pèse lourd lorsqu’on décide de quitter la fonction publique. On renonce à un salaire régulier, à une rentrée d’argent tout à fait prévisible. Il existe des aides pour vous aider. L’un des leviers pour le financement des formations est le CPF, renseignez-vous pour connaître vos droits.
Se faire accompagner par un conseiller en reconversion
La peur du jugement n’est pas la seule peur que l’on doit combattre quand on change de secteur professionnel. C’est vrai dans le monde de l’entreprise comme dans le fonctionnariat. Changer d’emploi est facteur de stress. On a beau s’engager dans plusieurs formations, on a souvent la peur de se tromper (toujours présente dans un coin de la tête !). Pour passer le cap de la transition, le mieux est de faire appel à un conseiller en reconversion. L’accompagnement vous permettra de faire un bilan de vos compétences tout en étant « coaché ». Vous entamerez votre formation plus sereinement. C’est fondamental pour se sentir légitime et mettre de côté les fichues pensées limitantes.
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Frédérique Hélaine, rédactrice pour Prof & ensuite
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