Il n’est pas rare de fantasmer une autre vie, un autre emploi… Pourtant, très peu d’entre nous passe à l’action. Lorsque nos idées pourraient se concrétiser et que l’heure est venue de mettre en place les modifications, beaucoup abandonnent. Mais alors, pourquoi a-t-on si peur de démissionner de l’Éducation nationale ? Quels sont ces processus qui nous brident ? Quelle démarche psychologique empreinte-t-on avant d’avancer ou de renoncer ? De la peur primaire à l’importance de l’entourage, en passant par la réticence au changement, nous allons tout vous expliquer.
D’où vient le sentiment de peur ?
Aspects psychologiques
Tout comme la joie, la surprise, la tristesse et le dégoût, la peur est l’une des 6 émotions de base.
D’après Darwin, cet état émotionnel négatif permet d’éviter des situations dangereuses afin de préserver la santé et la sécurité de l’être vivant. Au-delà de la protection, sa fonction première, est la survie !
Cet instinct est inné, héréditaire et universel. Il utilise des patterns fixés tout au long de l’évolution des espèces. Comme les autres émotions, la peur facilite l’adaptation de l’homme à son environnement physique et social. Les expressions faciales nous informent aussi sur l’état d’esprit d’autrui et nous permettent l’ajustement des relations interpersonnelles.
Plusieurs théories s’opposent quant à la situation génératrice des émotions. La composante primaire au ressenti peut-être abordée de deux manières :
- Cognitive : le thalamus distinguerait la situation et induirait les émotions.
- Physiologique : ce serait donc la perception des changements corporels qui en serait la source.
Ces deux courants s’accordent néanmoins sur l’importance de l’interprétation des situations. Chaque individu, en fonction de son vécu, de son caractère ou de son humeur de l’instant, appréhendera le même événement différemment.
Aspects biologiques et physiologiques
L’angoisse active dans le cerveau plusieurs aires cérébrales : l’insula, le cortex cingulaire antérieur dorsal et le cortex préfrontal.
C’est l’amygdale qui est au centre de ce circuit cérébral. Il sécrète de l’adrénaline et des corticoïdes afin d’induire une réponse comportementale adaptée.
Dans le lien ci-dessous, le circuit de la peur est expliqué clairement et simplement :
Pourquoi ai-je peur de démissionner de l’Éducation nationale ?
L’humain recherche en permanence le bonheur. Il aime l’idée de changement, le fantasme même parfois. Mais alors pourquoi cette envie de nouveauté, qui nous enthousiasme, peut également sembler effrayante ?
Ce n’est pas le changement proprement dit qui nous rend réticents, mais plutôt la peur de l’échec, de l’inconnu. La loi de la nature nous a appris que l’incertitude, par défaut, est un danger.
Mon corps tout entier se préserve
Les neurosciences ont montré que le cerveau a besoin de routines. Les habitudes vont permettre d’économiser l’énergie tout en minimisant les risques. Ainsi, en fonctionnant de manière automatique nous conservons notre force pour ce qui compte le plus.
Plus nous vieillissons et plus les schémas sont neuro-ancrés. Il est donc de plus en plus difficile de les modifier.
Le changement est ainsi coûteux en énergie et fatigant.
Mon cerveau doit accepter
Tout remaniement est un « stresseur » dans le sens où il demande à l’organisme une réaction, une adaptation à un nouvel environnement.
Par ailleurs, il a été démontré qu’une modification importante de nos conditions de vie, qu’elle soit positive ou négative, peut induire des conséquences sur la santé durant les deux années qui suivent.
La peur de démissionner de l’Éducation nationale est donc liée à un double enjeu. Il nous demande d’être à la fois capable :
- D’accepter une nouvelle situation qui reste plus ou moins incertaine.
- De faire le deuil d’une situation ancienne.
Cela induit qu’il faut prendre des risques, tolérer l’insécurité, se confronter à l’inconnu et à un éventuel échec… L’homme restant un être hautement socialisé, l’entourage joue un rôle déterminant.
Nicolas Machiavel affirmait justement « Un changement en prépare un autre. »
Il semble donc indispensable de se sentir rassuré voir encouragé dans cette démarche.
La mise en balance…
L’homme a la capacité de s’adapter, de supporter. Il faudra ainsi une réelle insatisfaction voir une souffrance pour qu’il se décide à remettre sa situation en question de part lui-même.
Comme nous l’avons vu précédemment, notre nature va nous amener à peser le pour et le contre avant toute prise de décision.
La première démarche sera d’abord une réflexion sur la situation actuelle. Celle que je connais, que je maîtrise.
Pourquoi démissionnerais-je de l’Éducation nationale alors que mon métier :
- Était une vocation.
- Est gratifiant et utile.
- M’ouvre à une multitude de relations sociales avec de nombreux partenaires (élèves, parents, collègues, personnels administratifs…).
- Me propose une liberté pédagogique et la possibilité de mettre en place une grande diversité de projets qui m’intéressent.
- M’assure une sécurité de l’emploi non négligeable à l’heure actuelle.
- M’offre un rythme de travail en adéquation complète avec celui de mes enfants.
- Etc.
Oui… Mais pourtant :
- Je me sens impuissant face à certains élèves.
- Je suis révoltée devant le manque de moyens accessibles pour suivre les enfants différents et/ou à besoins.
- L’administration me demande de plus en plus de démarches qui ne m’apportent rien concrètement.
- Face à des parents débordés, je me vois contrainte de faire de plus en plus d’éducation au détriment de l’instruction.
- Les journées de vigilance et le bruit me stressent.
- Etc.
Instinctivement, de manière presque automatique, notre cerveau mesure d’abord les PERTES. Ce n’est que quand l’insatisfaction prend le dessus sur le plaisir que nous rentrons dans une démarche de réflexion. Nous allons alors tenter d’anticiper, de nous projeter afin d’envisager les GAINS que nous apporterait une nouvelle situation.
L’entourage a un immense rôle à jouer dans cette démarche. Les peurs accompagnées peuvent plus aisément être dépassées. Nous avons besoin de confiance, d’être soutenus et rassurés. Pour surmonter nos craintes, il ne suffit pas d’augmenter nos certitudes quant à la situation à venir, mais surtout d’amplifier notre confiance en nous.
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